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Dunkerque, ville portuaire ?

Des ports comme Baltimore, Londres, Montréal, Barcelone, Rotterdam ou Marseille font figure de modèles de différentes recompositions de la relation ville-port. Dunkerque aussi mais plus au titre de méthode en urbanisme que pour ses réalisations. Or, il semblerait qu’il y ait « un retour de la ville portuaire », dans ce genre d’évolutions urbaines. Notamment parce que la mer ne fait plus peur, qu’elle est perçue au contraire maintenant comme une ressource vitale.

Dunkerque-Neptune

Dans le Dunkerquois, après la fermeture des Chantiers de France en 1988, la ville de Dunkerque et la CUD se sont engagées dans l’opération Neptune. La situation économique était alors proche du sinistre : perte de 8000 emplois à la suite de la restructuration de la sidérurgie, effectifs en chute libre chez les dockers (de 4000 à la fin des années 70 à 1100 vers 1990), perte de 3500 emplois, au moins, avec la fermeture de la Normed. La reconversion de ce site délaissé lance Dunkerque-Neptune : un plan définissant des grandes orientations en urbanisme mais aussi en politiques publiques. Le Master Plan des architectes Rogers et Davies se déclinera en plusieurs phases. Dans ces phases, plusieurs opérations : restructuration des espaces publics en centre-ville de Dunkerque, aménagements et constructions en Citadelle, Quartier Grand Large ...colonisation du Môle 1 à l’avenir. Une démarche à long terme pour faire de Dunkerque un “coeur d’agglomération” par une reconquête des espaces portuaires. Une méthode qui associait des acteurs publics – comme les collectivités territoriales, les bailleurs sociaux – et des acteurs privés. Mais pas les habitants. Depuis, ces derniers sont quand même devenus visiteurs d’expositions des grands projets de coeur d’agglo…

L’activité portuaire s’est déplacée, depuis les années 70, vers l’Ouest. Quand le projet Neptune démarre, le PAD n’exploite pratiquement plus que trois bassins au port Est. Le PAD est associé dans Dunkerque Neptune, notamment comme propriétaire foncier et parfois comme aménageur (ponts, écluses…). Depuis, le GPMD n’a toujours pas délaissé le Port Est, mais sans intentions claires. Aujourd’hui, où en est la réflexion du Directeur du Port de l’époque à propos de la tension entre centralité urbaine et activités portuaires : « Nous défendions évidemment le point de vue qu’il y avait possibilité et intérêt à ce que l’on tempère cette tentation [d’écart] » ?

Aujourd’hui : une convention CUD-Port

Où en est cette réflexion face aux termes de la convention que viennent de signer la CUD et le GPMD (Port), le 11 octobre 2010, en présence de M. Bussereau, Secrétaire d’État aux Transports ? Aujourd’hui, la relation “ville-port” tient dans une convention entre la CUD et le GPMD qui « vise à structurer la réflexion et l’action conjointe des deux structures en faveur de l’aménagement, de l’attractivité et du développement durable du territoire ».

Soit pour “l’interface ville-port” : des modifications d’ordre domanial et juridique, une gestion partagée de certains ouvrages etc. et bien sûr « une approche globale des projets urbain et touristique (plaisance en particulier) ». Nous n’en saurons pas plus sur cette approche globale.

Ah si ! : une garantie d’un cadre de vie de qualité aux habitants du Dunkerquois puisque les deux Plans d’aménagement et de développement durable qu’élaborent, chacun de leur côté, CUD et GPMD, ne seront pas contradictoires (!). Et puis : « un objectif commun visant à faire accéder le territoire au rang de véritable plateforme logistique et commerciale et positionner la place dunkerquoise sur le marché des conteneurs et autres marchandises diverses, tout en confortant son pôle industriel et énergétique ». Un objectif défini alors que, dans le même temps, la direction française de Total fermait la Raffinerie des Flandres et que le GPMD chiffrait sa perte de revenus ainsi provoquée à 40 millions d’euros entre 2010 et 2015 « sauf à hausser les tarifs, ce qui rendrait le port non compétitif ».

Mais où est Neptune ?

De toute façon : qui connaît cette convention ? Hormis ses signataires. Où a-t-elle été présentée ? Dans quelle instance de concertation ? Décidément les Dunkerquois, ambassadeurs de leur agglomération, sont bien loin. Bien loin d’être en mesure de voir une relation “ville-port”…

Et Neptune, dieu des mers et des océans, dieu protégeant des tempêtes et inondations, est encore plus loin ! ...La mer est pourtant là, pas seulement pour les plaisanciers.

Quant à la “ville portuaire”, l’expression n’apparaît toujours pas à Dunkerque ou si peu…

E.G.

Exposition à voir au Musée portuaire jusqu’au 17 avril 2011. Entrée : 3€

 
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