vendredi, 29 mars 2024|

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Gravelines et ses réacteurs en suspens

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a, sans surprise, rendu son verdict  : le réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Gravelines peut fonctionner 10 ans de plus suite à son dernier examen décennal, soit une autorisation d’exploitation jusqu’à ses 40 ans  ! Pourtant, au moment où nous écrivons ces lignes, plus d’une centaine d’intervenants, dont des Américains et des Suédois, s’affairent avec fébrilité sur un chantier inédit dans le monde et qui concerne ce même réacteur n° 1  ; une première mondiale sur laquelle EDF tarde à communiquer  : la réparation définitive de la pénétration de fond de cuve que l’on savait fissurée  ! Il s’agit là d’une opération à haut risque, une opération de la dernière chance pourrait-on dire car, si elle échoue, la cuve et donc le réacteur 1 seront rendus inutilisables… Techniquement, il s’agit de poser un bouchon au fond de la cuve du réacteur, au sein du circuit primaire maintenu sous eau – radioactive – et sachant que l’opération doit être exécutée à sec. Seuls des robots sont capables d’intervenir dans ce milieu des plus hostiles, robots conçus spécialement pour l’occasion  ! La soudure du bouchon ne coûte pas moins de 50 millions d’euros et nécessite près de 2 mois de travail, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Beaucoup de moyens humains et financiers engagés pour sauver un réacteur déjà vieillissant  ! Faut-il parler d’acharnement thérapeutique  ? Autre problème à Gravelines  : la pose de nouveaux générateurs de vapeur sur le réacteur n° 5. C’est dans ce monstre d’acier de 20 mètres de hauteur qu’est générée la vapeur qui fera tourner la turbine produisant l’électricité. Dans cette pièce maîtresse se croisent circuit primaire (eau radioactive) et circuit secondaire (eau non radioactive). Il faut donc que leur fiabilité soit éprouvée et que des certifications d’aptitude soient délivrées par l’ASN. Or sur le réacteur n° 5, ce n’est pas le cas  ! L’un des nouveaux générateurs de vapeur aurait comme un défaut  ! Impossible en l’état de l’installer, de quoi retarder le redémarrage du réacteur 5. Il y a donc aujourd’hui quelques points d’interrogation quant à la poursuite de l’exploitation des tranches 1 et 2, ainsi que des tranches 5 et 6 (car celles-ci sont couplées techniquement et administrativement) ; on a rarement autant été dans l’expectative à Gravelines. Par ailleurs, de nombreux générateurs de vapeur doivent être auscultés ailleurs en France pour les mêmes raisons  : un taux de carbone trop important dans leur acier  ! C’est en partie à cause de ces examens imprévus que 21 réacteurs sur les 58 du parc électronucléaire français ont été mis à l’arrêt. Pourtant nous avons toujours du courant, ce qui montre bien le surdimensionnement de nos capacités de production. Il est donc largement possible de mettre à l’arrêt définitif quelques-uns de nos plus anciens réacteurs et de réaliser enfin la transition énergétique.

 
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