vendredi, 29 mars 2024|

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L’accident qu’on disait « inimaginable »

À en croire les autorités, le désastre de Fukushima aurait pour origine une double catastrophe naturelle : séisme et tsunami. Non ! Ce désastre a pour origine l’HOMME qui a décidé d’implanter des réacteurs nucléaires dans un secteur placé sous la menace directe de la nature.

Il y a eu un avant Fukushima. Il y aura un après Fukushima. Au moment même où brutalement, quatre réacteurs japonais (au moins) se sont trouvés rayés de la carte, souvenez-vous : l’arrogance persistait dans les rangs des ténors de la filière nucléaire française. Au plus haut niveau de l’État, Sarkozy et Besson, main dans la main, revendiquaient le simple “accident”, réfutant la notion de “catastrophe” ; à l’autre bord Ségolène Royal fustigeait avec les termes qui lui sont propres “l’indécence” de ceux qui “auraient profité” de la crise pour poser quelques bonnes questions, elle qui s’était précipitée naguère au chevet des victimes de Xynthia en Vendée ; Anne Lauvergeon, Henri Proglio, les industriels de l’atome civil, s’évertuaient, quant à eux, à minimiser l’impact du désastre, tous engoncés dans le déni, le négationnisme d’un événement d’emblée sous-évalué… Quelle claque pour les tenants, au premier rang desquels la France, d’un nucléaire étincelant, éternel, qui nous promettait le bonheur à satiété !

Il y avait - il n’est pas abusif de parler au passé - à Fukushima-Daiichi six réacteurs, plantés en bord de mer et issus tous de la même technologie. Exactement comme à Gravelines. Ayant salué le courage d’agents qui se sont sacrifiés pour sauvegarder le peu de sécurité subsistant au bénéfice d’une population digne, mais résignée, comment ne pas faire le lien avec “la géante” toujours présentée comme l’exemple exportable, le modèle du génie scientifique et technique français ?

Au Japon, les forces de la nature ont mis à bas l’extraordinaire suffisance des émules d’EDF-AREVA, adeptes de la course à marche forcée vers le tout-nucléaire. Souhaitons que chez nous, sans qu’il faille passer par la case “improbable accident”, nos décideurs aient la sagesse, avant qu’il soit trop tard, de changer leur fusil d’épaule et qu’ils reconnaissent enfin que nul n’est à la merci d’un accident majeur. Comme l’indiquait naguère Patrick Lagadec, expert mondialement reconnu, « la question n’est plus seulement de tout faire pour éviter d’avoir de mauvaises surprises, mais de se préparer à être surpris. »

Le nouveau numéro 33 de “Grains de Sel” est consacré en bonne part aux leçons qu’il convient de tirer - et ici plus que partout ailleurs - de la catastrophe de Fukushima. J.S.

 
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