jeudi, 28 mars 2024|

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PPRT : de rudes débats en perspective

Les industries à risques, est-ce toujours une bonne affaire ? Pas sûr du tout. On en veut pour preuves les contraintes et les charges financières que vont générer les Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) en discussion actuellement sur le littoral, dans l’indifférence générale il est vrai. Pour le moment en tout cas…

Que sont en effet ces PPRT ? Ils sont nés dans la foulée de la catastrophe d’AZF qui en 2001, on s’en souvient, avait fait 31 morts et des centaines de blessés. À l’époque, le gouvernement avait décidé la mise en place d’un dispositif prévoyant diverses mesures en faveur des riverains des sites Seveso. C’était en fonction de la dangerosité de ces derniers, dangerosité déterminée par des aléas (risques thermiques, de surpression, de toxicité).

Prenons ainsi le cas emblématique de Mardyck qui chez nous cumule les risques et appliquons-lui en préfiguration le dispositif PPRT. Au plus près des installations industrielles (Total, Polimeri), dans la “zone rouge” où il y a 4 maisons, leurs occupants seront expropriés et indemnisés, puis les habitations détruites. Dans la “zone orange” qui lui fait suite, 2 familles auront, elles, le choix entre l’expropriation et le délaissement, c’est-à-dire que dans ce dernier cas elles pourront rester, mais à condition d’effectuer des travaux de consolidation de leur maison, travaux dans le coût plafonné sera assumé conjointement par l’État, les collectivités et les industriels. Dans les zones plus lointaines “jaunes”, “bleues” et enfin “vertes”, les contraintes s’assouplissent : les travaux prescrits ou simplement conseillés sont à la charge de l’habitant bénéficiant alors d’un crédit d’impôt d’un montant de 30 % de la dépense. À Mardyck, une cinquantaine d’habitations seraient concernées à l’un ou l’autre titre par les PPRT. Également une petite dizaine d’établissements publics (des équipements sportifs notamment), les travaux étant ici à la charge de la collectivité.

À Saint-Pol-sur-Mer, pour plus de 1000 propriétaires riverains de stockages pétroliers, heureusement en zones dites de faibles risques, des travaux pourraient être soit conseillés, soit prescrits. L’affaire se corse puisque les PPRT devraient affecter aussi une infrastructure comme la Chaussée des Darses, traversant ou côtoyant des zones à risques. Et en ce cas, faute de pouvoir réaliser des travaux de protection particulièrement onéreux, la circulation pourrait y faire l’objet de restrictions…

Après débats, enquêtes publiques, les PPRT devraient entrer en application à l’horizon fin 2013 début 2014. Il nous étonnerait que la nouvelle réglementation puisse entrer en vigueur en douceur, tant – on l’aura deviné – les enjeux financiers, économiques, de gestion urbaine seront importants. De là à dire que notre région, où l’on dénombrera bientôt 14 sites Seveso, a mangé son pain blanc et que pour certains la potion PPRT ne sera pas aisée à digérer, il n’y a qu’un pas… Pour l’ADELFA, partie prenante attentive des débats en cours, la sécurité des habitants primera en toute hypothèse.

 
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