jeudi, 28 mars 2024|

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ZI des Dunes à Calais : l’exemple type du PPRT inacceptable

Un bref historique s’impose

Calais, trois sites industriels classés Seveso seuil haut, chiffre que l’on qualifiera de raisonnable pour une agglomération de 100000 habitants et surtout par comparaison à la situation dunkerquoise.

Trois sites Seveso et deux PPRT, étant donnée la configuration particulière de deux usines imbriquées l’une dans l’autre et qui débouche naturellement sur un plan de prévention unique. Rien d’anormal dans cette décision. 2001, malgré l’opposition officiellement exprimée conjointement par l’ADECA et les deux industriels concernés, déjà classés Seveso, la ville de Calais autorise à la stupéfaction générale l’installation d’une stationservice multi-pompes pour poids lourds avec snack et sanitaires au beau milieu de ces deux sites !

Quelques mois après, en septembre, surgissait la catastrophe d’AZF et ses conséquences tragiques. Les conséquences de cette situation inconcevable n’allaient pas tarder à compliquer sérieusement l’activité au quotidien des deux sites industriels et pire encore constituer une épée de Damoclès sur la sécurité des salariés, des riverains et des chauffeurs eux-mêmes. La suite, les habitués de ce secteur et les riverains la connaissent, c’est une invasion de poids lourds qui se stationnent la semaine et encore plus le week-end tout autour de ce point de ralliement, de façon anarchique, ajoutant du risque au risque déjà existant pour les riverains, les industriels et pour les chauffeurs eux-mêmes ! Les rues adjacentes et même les accès aux sites sont embouteillés de PL stationnant 24 heures et plus. L’afflux de PL et le stationnement de longue durée constituent une menace sur la bonne gestion des accidents industriels éventuels. On ne peut ignorer aussi le risque d’incident et l’effet “domino” possible d’un départ de feu sur un poids lourd, et les conséquences toujours imprévisibles d’un tel accident, aussi banal soit-il.

L’élaboration du PPRT, une occasion ratée de rectifier l’erreur de 2001 !

Autant l’ADECA se félicite du sérieux et du professionnalisme des deux directions des sites industriels concernés dans la prise en compte des risques engendrés par leurs activités et dans la mise en oeuvre des mesures de sécurité inhérentes à la protection de leurs salariés et à celle de la population avoisinante, autant le projet de PPRT par les services de l’état nous donne la désagréable impression d’un PPRT incomplet, ne répondant que partiellement aux objectifs définis par la loi du 30 juillet 2003. En effet, ce projet de plan sous-estime la problématique du stationnement anarchique des poids lourds tout autour des deux sites industriels et banalise le risque déraisonnable qu’il fait courir en permanence aux salariés des sociétés précitées et voisines.

Certes, nos arguments ont permis d’avancer sur l’interdiction de stationner le long des voies de circulation (se donnera-t-on les moyens de l’appliquer ?), mais le maintien de la station et de ses annexes de restauration (le zonage permettant l’expropriation vient mourir aux abords de l’aire de la station !) constituera un appel d’air inexorable de poids lourds.

L’approbation du PPRT par le conseil municipal de la ville de Calais nous interpelle, l’occasion était donnée de remédier à une situation ubuesque. L’ADECA ne comprend pas que l’on puisse commettre la même erreur onze ans plus tard, en toute connaissance de cause !

Une prescription de pièce de confinement incompréhensible pour les riverains L’autre point du PPRT sur lequel l’ADECA s’oppose est l’obligation faite aux riverains de posséder une pièce de confinement contre le risque toxique. Dans ce cas, les autorités vont plus loin que ce que prévoit l’aspect réglementaire des PPRT. Les zones de risque qui touchent un habitat linéaire d’une quarantaine d’habitations sont pourtant classées “moyen +” pour l’une et “faible” pour l’autre. Pire encore, le confinement des chauffeurs avec la barrière de la langue (les chauffeurs sont essentiellement originaires des ex-pays de l’Est), n’est pas évoqué ! L’autre PPRT de Calais, englobant pourtant un tissu urbain bien plus dense, a fait l’objet d’une simple recommandation ! Comprenne qui pourra !

Avis négatif de l’ADECA lors de l’enquête publique

En l’état actuel des choses, il est clair que l’ADECA ne peut pas valider le projet de PPRT car il ne prend pas les dispositions suffisantes pour réduire au maximum les éventuelles interactions entre le risque industriel et la menace représentée par son environnement immédiat. Nous n’osons imaginer la réaction de l’opinion publique via les médias sur un accident industriel sérieux dans cette zone si ce PPRT, censé limiter les risques d’un tel scénario, était approuvé tel quel !

En résumé, l’ADECA n’a pas validé le PPRT soumis à enquête publique en mars dernier, nous souhaitons :

  • le déplacement de la station-service DIS de ce secteur censé être isolé de tout risque extérieur,
  • ’abandon de la prescription d’une pièce de confinement au profit de la recommandation pour les riverains.

D.B.

 
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