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La foire aux n’importe quoi. Nov.-Déc. 2011

Bonny soit qui mal y pense

Voici donc qu’au cœur du mois d’août, Mme Bonny, présidente du directoire du Grand Port Maritime, a quitté Dunkerque dans la plus grande discrétion, nous laissant en héritage les prémices d’un terminal méthanier. Vous l’avez remarqué : c’est souvent comme cela que les “belles” histoires se terminent. Des décideurs venus d’ailleurs concoctent un projet, puis se battent comme de beaux diables pour le mettre sur rails. Et au moment où leur initiative va se matérialiser, ils se retirent avec modestie, satisfaits d’avoir marqué le territoire qui leur était dévolu des traces indélébiles de leur passage. Et des dommages collatéraux potentiels pour les habitants que leur esprit d’entreprise aura générés.

Basse fréquence

Mis en cause pour son manque d’assiduité aux séances de l’Assemblée Nationale, Michel Delebarre qui, depuis, a remis le compteur à zéro en prenant place au Sénat, a énoncé dans La Voix du Nord en réponse à ses détracteurs : ses absences étaient à mettre sur le compte des multiples démarches “de terrain” qu’il avait menées pour décrocher pour le littoral un terminal méthanier. D’aucuns auront trouvé l’explication fumeuse !

Argument béton

On l’a appris incidemment lors d’une réunion du SMAERD, la structure gérant l’approvisionnement en eau du littoral : les travaux d’aménagement du terminal méthanier seront effectués en ayant recours exclusivement à de l’eau potable que par ailleurs on nous incite à économiser. Paraît que c’est meilleur pour la qualité du béton ! Plus sérieusement cette fois, il a été dit que créer une conduite pour amener de l’eau industrielle jusqu’au chantier, cela aurait coûté trop cher. Les promoteurs parlent de 2 millions d’euros. Pour une opération qui approche globalement les deux milliards et demi d’euros, ce ne serait pourtant qu’une goutte d’eau, non ?

Le nuage de Tchernobyl s’est vraiment arrêté à la frontière

Il faut se faire une raison, celle que la Justice a donnée au professeur Pellerin, autrefois grand patron du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI). Souvenez-vous : il avait soutenu mordicus qu’en 1986, le nuage radioactif venu de Tchernobyl s’était obligeamment arrêté à la frontière, en sorte que notre beau pays s’était trouvé miraculeusement préservé des retombées des produits de fission et autres radioéléments venus d’ailleurs. Ce non-lieu providentiel, intervenant après ceux prononcés par exemple dans les affaires du sang contaminé ou de l’hormone de croissance, atteste qu’en matière sanitaire et de contamination, mieux vaut ne pas se fier aveuglément à l’État et à ses serviteurs. (Cf aussi les affaires de l’amiante et du Mediator) C’est bien pourquoi, s’agissant notamment du fonctionnement de la centrale nucléaire de Gravelines, nous militons pour que pour les contrôles sur le terrain, il soit aussi fait appel aux experts indépendants de la CRIIRAD ou de l’ACRO. Au pays où l’on a beaucoup recours à l’autocontrôle et ensuite à l’autosatisfaction, comme le disait déjà La Fontaine, « méfiance est mère de sûreté. »

Passera-t-on l’hiver ?

Y aura-t-il suffisamment d’électricité pour illuminer nos sapins de Noël en décembre prochain ? La question a été posée fin octobre par le très sérieux cabinet de conseil Cap Gémini. Ce n’est pas une galéjade, mais simplement le constat qui établit qu’au pays le plus nucléarisé du monde, on risque de manquer de courant au moment des fêtes hivernales de fin d’année pour cause de surconsommation. La faute aux voisins allemands qui viennent d’arrêter huit réacteurs d’un coup. S’il est exact que la France fournit de l’électricité outre-Rhin en période estivale - ce que ne manque pas de souligner EDF quand elle entend fustiger les pays qui tournent le dos au nucléaire - dès que surviennent les pics de consommation hivernaux, en dépit de son arsenal de centrales tant vanté, notre pays se trouve obligé de faire venir du courant d’Allemagne, histoire de passer l’hiver sans trop d’encombre. Or désormais, comme le souligne Cap Gémini, ce ne sera plus possible et sans doute pendant plusieurs hivers consécutifs. Ce qu’a d’ailleurs reconnu à l’Assemblée le ministre de l’Énergie, Éric Besson. Depuis le temps qu’en cas de refus du nucléaire, on nous menaçait d’un retour à la bougie, eh bien nous y voilà, mais pas selon le scénario envisagé !

Récidiviste

Adjoint “responsable“ à l’urbanisme, Vincent Leignel, qui entend ouvrir à l’urbanisation la dune de Malo-Terminus (voir p 8), ne veut pas non plus que soit freinée celle du Grand Large, sous prétexte qu’il y aurait risque de submersion marine. « Le coup est parti, on ne reviendra pas en arrière. Le Grand Large ira au bout du projet. » Pourvu que ces fermes propos ne soient pas coups d’épée dans l’eau.

 
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